Au vu des commentaires sur la réélection de George W. Bush, on pourrait croire que le ciel est tombé sur la tête des Gaulois. Rien de plus catastrophique ne pouvait arriver à la France, vraiment ? N'en déplaise à l'ami Michael Moore, bien discret depuis mercredi, il serait peut-être temps, quand il est question de l'Amérique, de faire un usage plus modeste du génie français. La victoire de Bush invite plutôt à réévaluer avec un peu de bon sens l'action internationale du président américain. Et, en dépit de son péché unilatéraliste originel, à soutenir son ambitieux projet de promouvoir la démocratie dans le monde arabo-musulman. Car Bush Jr a eu le rare mérite, avec quelques autres dirigeants comme Tony Blair, de saisir la portée des attentats du 11 septembre 2001. Il a compris qu'une guerre d'un type inédit avait été déclarée à l'Occident par les derniers suppôts du totalitarisme, les hyperterroristes djihadistes. Il a vu le terrible danger d'un rapprochement de ses derniers avec des Etats hors la loi et détenteurs d'armes de destruction massive. Pour infléchir la politique de l'Amérique, il faut d'abord se comporter avec elle en véritable allié. Malgré le style parfois arrogant de l'administration Bush. Etait-il d'ailleurs si méprisable de renverser deux régimes dictatoriaux et subversifs, ceux des talibans et de Saddam Hussein ? Les désaccords sur le dossier israélo-palestinien, la brouille initiale sur la guerre d'Irak et la gestion catastrophique par les Américains de l'après-invasion justifient-ils que la France reste éternellement au balcon ? Le monde passe son temps à demander à l'Amérique de l'écouter. Pourquoi ne pas maintenant écouter l'Amérique qui a plébiscité Bush ? Qu'importe finalement les positions de départ sur le dossier irakien. Car l'issue de la bataille d'Irak, jugée stratégique par les djihadistes, ne concerne pas que l'Amérique de Bush. Son échec, dans ses conséquences, serait aussi celui des Européens. L'islamisme guerrier ne s'arrêterait pas en si bon chemin. Conscients de l'enjeu, 12 des 25 pays membres de l'Union européenne ont déjà près de 17.000 soldats sur le territoire irakien. En attendant l'émergence d'une Europe puissance, alliée des Etats-Unis mais plus autonome, la France serait bien inspirées d'œuvrer pour refaire l'unité des 25 afin de relever, avec les Américains, le défi de l'heure : pacifier l'Irak pour y permettre la tenue d'élections libres.
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