Le malheur (réel) des uns fait le bonheur (virtuel) des autres. Depuis l'arrivée du républicain texan George W. Bush à la Maison Blanche en 2000, à chaque nouvelle épreuve rencontrée par son administration, comme le passage du dévastateur cyclone Katrina, la schadenfreude réapparaît chez ses détracteurs. Cette réjouissance méchante à l'égard des infortunes d'autrui, décrite par Arthur Schopenhauer, trahit l'espoir récurrent que l'insolent cow-boy morde enfin un jour la poussière. Mais si certains reproches adressés à Bush sont graves et justifiés, comme la fragilité prévisible des digues protégeant La Nouvelle-Orléans ou la lenteur et l'inefficacité de la réponse initiale du gouvernement fédéral, d'autres sont fantaisistes et mal intentionnés. Notamment le prétendu manque de moyens militaires disponibles en raison de la guerre d'Irak ou le racisme supposé de l'administration républicaine à l'égard de la population noire de Louisiane. Des accusations lancées par exemple par le cinéaste Michael Moore, l'Américain préféré des Français anti-américains. Par contre, n'est-il pas étonnant que le président Bush ait prêté si facilement le flanc à la critique en ne se précipitant pas, l'émotion en bandoulière, auprès des victimes de Katrina (en tout cas jusqu'à ce lundi) ? Il lui avait d'ailleurs déjà été reproché cet été de ne pas ouvrir la porte de son ranch à Cindy Sheehan, cette mère d'un soldat tué en Irak qui demandait à le rencontrer. Insensibilité ou pudeur ? En tout cas entorse aux règles du marketing politique moderne qui veut que les gouvernants réagissent à chaque drame humain en étalant, avant toute chose, leur compassion devant les caméras.
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