A partir de ce vendredi, et pour six mois, Tony Blair sera le président des Vingt-cinq. Arrivera-t-il à redonner du tonus à une Union européenne aujourd'hui KO debout, après le rejet populaire franco-néerlandais de la Constitution et l'ouverture d'une grave crise intergouvernementale sur le budget futur de l'UE ? C'est tout le mal qu'il faut souhaiter au plus européen des premiers ministres que la Grande-Bretagne s'est donnée après son adhésion à la CEE en 1973. Depuis un mois, Blair a en tout cas bouleversé la donne. Il a d'abord suspendu le processus de consultation populaire outre-Manche. Ce faisant, il a été le premier dirigeant des Vingt-cinq à prendre acte concrètement du fossé existant entre les projets des élites de l'Union et les préoccupations de ses citoyens. Six des sept autres pays qui avaient également prévu d'organiser des référendums sur la Constitution européenne, lui ont emboîté le pas. Ensuite, au sommet de Bruxelles, Blair a refusé la tentative de Jacques Chirac de faire payer à la Grande-Bretagne la facture de son propre échec politique. Et il a profité de l'occasion pour poser brutalement la question de l'adéquation entre les orientations actuelles de l'UE et les défis de la mondialisation. Blair n'a certes pas le monopole de la bonne réponse, mais il s'agit bien de la seule interrogation qui vaille pour l'avenir immédiat des Européens. Après ses coups d'éclat, le président britannique de l'Union doit maintenant engager un débat constructif avec ses pairs, et ces derniers ne doivent pas se dérober. Car les Vingt-cinq réussiront ou échoueront ensemble…
© Yahoo! Actualités