Le moulin à paroles tourne à vide. Pour sa onzième intervention du 14 juillet, Jacques Chirac a multiplié les certitudes éculées et les vœux pieux. Les Français sont mieux placés que les Britanniques, le modèle social français témoigne du génie national, les pays étrangers souvent suivent quand la France propose, les champions mondiaux de la France, etc. Et puis, évidemment, relance, impulsion, incitation, innovation, etc. Nouvelles et fortes, comme il se doit… Après dix ans à l'Elysée, le président Chirac s'en tient à un discours surréaliste de simple survie politique. Pour tenter de tenir jusqu'en 2007. Les déroutes électorales, la claque des JO, la suprématie de Tony Blair, les déficits, la dette, le chômage : rien ne pousse apparemment le chef de l'Etat à douter de sa légitimité politique ou de celle de sa majorité. Jacques Chirac a choisi l'arrogance tranquille comme posture pour les deux prochaines années. Car il est arrogant avec les Français qui ne veulent plus de lui, avec les Européens qui n'en peuvent plus de lui, enfin avec les juges qui n'attendent plus que lui… Tiendra-t-il jusqu'à la fin de son mandat, une fois passée la fable des cent jours de Villepin pour rendre la confiance ? C'est possible, mais uniquement parce que ni la droite ni la gauche, chacune en travaux, ne sont prêtes à affronter une échéance électorale anticipée. Le règne chiraquien s'est de facto terminé le 29 mai dernier, avec l'échec du référendum européen. L'interrègne a commencé. Il sera interminable, ankylosant et douloureux pour la France et les Français.
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