Benoît XVI a un sens très sûr du marketing. En offrant aux fidèles la canonisation turbo de Jean-Paul II, il espère qu'un peu de la gloire du Pape polonais rejaillira sur lui. L'ex-cardinal Ratzinger en a bien besoin car, jusqu'à présent, ses faits, gestes et dires n'attirent guère l'attention. Certes, Karol Wojtyla mérite de devenir saint. Mais quelle injustice pour le petit peuple du Salvador qui attend depuis si longtemps la canonisation de son archevêque martyr, assassiné en 1980, alors qu'il célébrait la messe, par un tueur à la solde des militaires et des propriétaires terriens. Menacé de mort par les fascistes salvadoriens, Mgr Oscar Romero refusait de se taire devant l'injustice sociale et la répression barbare subies par les paysans de son pays. Il a payé de sa vie sa fidélité à l'option préférentielle pour les pauvres, doctrine officielle de l'Eglise. Or l'ouverture du procès en béatification de Mgr Romero aura attendu 13 années ! Et il aura encore fallu 12 autres années pour que sa cause saute l'obstacle de la Congrégation de la doctrine de la foi, dont le préfet n'était autre que le futur Benoît XVI. Le prélat d'Amérique centrale était trop progressiste à son goût. Par contre, l'opération saint Jean-Paul II a été rondement menée : des banderoles Saint tout de suite ! déployées aux obsèques de Jean-Paul II par les Focolari, un mouvement proche de la curie romaine, à la décision de Benoît XVI de ne pas respecter la règle des cinq ans pour ouvrir le procès en béatification. Et voilà Karol Wojtyla dans l'antichambre de la sainteté, moins de trois mois après son décès…
© Yahoo! Actualités